LE DÉFI DE L’ACCÈS AUX SOINS POUR LES FEMMES

EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, AU NORD-KIVU, ACTION CONTRE LA FAIM MET LA SANTÉ DES FEMMES AU CŒUR DE SES PRÉOCCUPATIONS.

Dans la zone de Mweso, nous intervenons dans des endroits très difficiles d’accès. Les besoins humanitaires sont élevés car les populations ont peu de moyens de déplacements, les opportunités de travail sont réduites et l’accès aux services de base et particulièrement aux soins de santé est très restreint.

Ce manque d’opportunités et de moyens, conjugué aux inégalités de genre, place les femmes enceinte et allaitantes parmi les plus vulnérables alors qu’elles sont en première ligne pour lutter contre la malnutrition de leurs enfants. Les activités de santé sexuelle, maternelle et reproductive, qui recouvrent la planification familiale et les soins pré et postnataux, mais aussi le soutien psychosocial, donnent les moyens à ces femmes de faire leurs propres choix de santé et de vie.

ÊTRE MÈRE, UN ENJEU DE SANTÉ

Au centre de santé de Kibarizo, les équipes d’Action contre la Faim soignent les enfants atteints de malnutrition aiguë sévère et les femmes enceintes et allaitantes bénéficient d’une prise en charge gratuite tout au long de leur grossesse et lors des premiers mois de leur enfant.

« Cela va me faire de la joie d’être appelée la mère des enfants » sourit Zawadi N’Bagoni. A 31 ans, elle vient d’accoucher de son premier enfant. Agricultrice, elle a été suivie par les équipes depuis le début de sa grossesse. Durant les consultations prénatales, les infirmières l’ont examinée et rassurée sur son état de santé et celui de son bébé, la position de son enfant, et lui ont donné des conseils pour mener à bien sa grossesse.

Berta Dusabe est aide-accoucheuse dans le centre de Kibarizo. Selon elle, cette gratuité des soins a fait une grande différence « Toutes les femmes ne peuvent pas prendre en charge leur accouchement. Avant qu’Action contre la Faim ne soit là, les taux d’accouchements à domiciles étaient très élevés. Puisque beaucoup d’entre elles ne pouvaient pas payer l’acte, elles décidaient de le faire chez elles en espérant seulement à Dieu. »Depuis que le mot s’est répandu sur la prise en charge gratuite, le taux d’accouchement à domicile a baissé et la fréquentation pour les consultations de contrôle a augmenté.

« TOUTES LES FEMMES NE PEUVENT PAS PRENDRE EN CHARGE LEUR ACCOUCHEMENT. AVANT QU’ACTION CONTRE LA FAIM NE SOIT LÀ, LES TAUX D’ACCOUCHEMENTS À DOMICILES ÉTAIENT TRÈS ÉLEVÉS. »

BERTA DUSABE

 KIBARIZO, RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Pour Kibarizo, donner naissance à son enfant chez elle n’était pas une option envisagée au vu des risques encourus. « A la maison, on peut aussi faire l’accouchement mais il y a toujours les complications, on peut avoir le bébé mais il peut mourir. Le placenta complique la maman et elle aussi peut mourir. L’avantage de faire l’accouchement au centre de sante on est sûr avec les infirmières, on te consulte dans tous les moments, dans le cas de complications ils sont là pour te secourir, ils donnent les médicaments qu’ils protègent contre les infections et ils protègent aussi l’enfant. »

En République Démocratique du Congo, moins de deux femmes enceintes sur 10 font leur première visite prénatale dans leur premier trimestre de grossesse. De même, les examens de santé post-natal ne concernent que 50% des femmes¹. Le risque à vie de décès maternel soit la probabilité qu’une femme meure suite à un accouchement est de 1 pour 34². C’est-à-dire que 1 femme congolaise sur 34 mourra des suites d’un accouchement.

LA SANTÉ MENTALE, UN PREMIER PAS VERS LE BIEN ÊTRE

Mais les complications médicales ne sont pas le seul fardeau qui pèse sur la santé et le bien-être des femmes du Nord-Kivu. Dans cette région, les personnes sont exposées à des évènements violents depuis de nombreuses années, ce qui peut entraîner des risques de traumas ou de dépressions.

« Il y a des femmes enceintes et allaitantes en situation de détresse psychologique, explique Marie Trianon, la coordinatrice terrain d’Action contre la Faim. Ces femmes passent par énormément de difficultés sécuritaires, la perte d’un enfant, les potentielles violences conjugales. » Au Nord-Kivu 1,9 million de personnes sont déplacées dans la province, majoritairement à cause des conflits et entre janvier et septembre 2021, 15 954 cas de violences basées sur le genre ont été recensées.