LA SANTÉ MENTALE EST UN ENJEU DE LA LUTTE CONTRE LA FAIM DANS LE MONDE. NOS ÉQUIPES RÉPONDENT AUX BESOINS DES POPULATIONS VIVANT OU FUYANT DES CONTEXTES DE VIOLENCE ET DE GUERRES QUI PEUVENT ÊTRE TRAUMATISANTS. LE TRAUMATISME PEUT SE TRANSMETTRE DE LA MÈRE À L’ENFANT, NOTRE RÔLE EST D’ACCOMPAGNER LES PERSONNES TRAUMATISÉES POUR LES AIDER À SORTIR DE LA FAIM.

Nous intervenons dans des contextes sociaux et politiques compliqués comme en Centrafrique où les conflits au sein du pays persistent depuis 2013, en République démocratique du Congo ou des conflits armés et des violences communautaires sévissent et font fuir la population ou encore au Bangladesh auprès des Rohingyas. Nous intervenons dans un grand nombre de pays auprès de populations traumatisées qui n’ont pas accès à la santé mentale ou ne peuvent pas se le permettre.

Chez les mères ce traumatisme peut se transmettre au bébé. Elisabetta Dozio, responsable en Santé Mentale explique dans son ouvrage les dangers de la transmission du traumatisme de la mère à l’enfant et son lien avec la sous-nutrition.

LE LIEN ENTRE TRAUMATISME ET SOUS-NUTRITION

Le traumatisme est défini comme l’ensemble des conséquences émotionnelles qu’entraine un événement, un choc psychologique éprouvant chez l’individu. Ce traumatisme a des conséquences sur l’état mental mais aussi physique de la personne.

Dans les contextes d’urgences humanitaires liées aux conflits, les populations sont confrontées à des événements traumatisants et à un état de stress quasi permanent. Elles sont témoins de scènes choquantes comme la mort d’un proche, des agressions ou la séparation lors de la fuite pour n’en citer que quelques-unes.  

Ce traumatisme psychologique a des conséquences directes sur l’état physique et nutritionnel de l’individu. Une personne traumatisée va présenter différents comme la perte d’appétit ou de volonté de manger et la perte du lien parent-enfant.

Nos équipes agissent surtout auprès des mères et des enfants, ce sont les plus vulnérables et les premiers à souffrir de la faim dans les pays dans lesquels nous intervenons. Lorsqu’une mère allaitante est traumatisée cela peut avoir une incidence sur sa capacité à pouvoir donner le sein. Après un choc trop violent beaucoup de mères ne produisent plus de lait et n’arrivent pas à répondre aux besoins de leurs enfants, affaiblis ils sont plus à même de souffrir de la faim et de sous-nutrition.

UN SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE POUR LUTTER CONTRE LA FAIM

Nous organisons des groupes de parole entre mères, pour qu’elles puissent échanger sur des sujets comme les violences conjugales, la charge mentale ou les pratiques de soin des nourrissons. Ces groupes permettent aux mères d’extérioriser et trouver du réconfort chez des personnes qui elles aussi ont vécu un traumatisme.

Nos humanitaires animent des ateliers mère-enfant dans le cadre de nos programmes en santé mentale et pratiques de soins. Grace à ces ateliers nous permettons aux parents de reconstruire le lien parent-enfant qui peut avoir été rompu lorsque l’enfant est tombé dans la sous-nutrition que cela soit lié à un choc ou non.

Nos programmes répondent aux besoins des populations en leur apportant un soutien psychologique en groupe et individuel afin de surmonter le trauma et de faire face à la sous-nutrition.

Dans un contexte si hautement affecté par des traumatismes individuels et collectifs, il est indispensable de comprendre comment le trauma est transmis de la mère à l’enfant pour pouvoir proposer une meilleure prise en charge clinique des patients et réduire les effets néfastes de la transmission traumatique.

LA TRANSMISSION DU TRAUMATISME DE LA MÈRE À L’ENFANT

Elisabetta Dozio procède à l’analyse de cas pratiques et à des interviews de mères rencontrées dans des sites de déplacés dans son livre Mères et bébés dans la guerre, Comment ne pas transmettre le traumatisme aux enfants. A travers son ouvrage notre psychologue analyse et identifie les facteurs qui interviennent dans la transmission traumatique. 

L’étude se concentre sur 3 pays d’Afrique centrale : République CentrafricaineTchad et Cameroun, affectés par la crise centrafricaine démarrée en 2013. Référente technique en Santé Mentale chez Action contre la Faim, Elisabetta Dozio a déjà été confrontée à la transmission traumatique sur nos terrains d’intervention.

 » LE TRAUMATISME NE CONCERNE PAS SEULEMENT LES PERSONNES QUI EN SONT VICTIMES OU AFFECTÉES DIRECTEMENT. LE TRAUMATISME ET SES EFFETS PEUVENT SE TRANSMETTRE ENTRE LES GÉNÉRATIONS. « 

ELISABETTA DOZIO

 RÉFÉRENTE EN SANTÉ MENTALE ET PRATIQUES DE SOIN POUR ACTION CONTRE LA FAIM

On parle alors de transmission trans-générationnelle, le traumatisme va se propager comme une maladie et peut ainsi toucher plusieurs générations. E. Dozio a animé des entretiens avec 24 mères et leurs enfants, leurs récits sont exposés dans son livre, chacune d’entre elle raconte les évènements traumatiques qu’elle a vécus. Plusieurs sujets sont abordés : de l’assassinat ou la mort de proches, aux actes de violence de masse ou des tueries dans la communauté. Les femmes interrogées ont dû fuir dans des conditions de peur et de violence et doivent maintenant affronter leur traumatisme et éviter de le transmettre à leur enfant.

Elisabetta Dozio insiste sur le fait que très souvent les bébés, les nourrissons passent inaperçus dans la prise en charge du traumatisme. « Leurs besoins sont moins flagrants et visibles, et l’idée qu’aider l’adulte, donneur de soin, aura une influence sur le nourrisson, est très répandue et certainement fondée sur un raisonnement en partie approprié car le nourrisson dépend en tout de son donneur de soin, en particulier la mère. »

A travers son ouvrage elle offre des solutions cliniques pour prévenir ou limiter les effets néfastes de cette transmission sur plusieurs générations ainsi que leur impact sur la sous-nutrition.

ACTION CONTRE LA FAIM