L’introduction des langues maternelles dans l’enseignement primaire : véritable levier de développement

Huit pays africains francophones:  Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Mali, Niger, République Démocratique du Congo, Sénégal ont souscrit au projet Elan (École et langues maternelles), projet qui vise à introduire l’enseignement bilingue à l’école primaire. Cette initiative entend promouvoir la diversité linguistique tout en valorisant la culture africaine. L’implémentation de ce projet présente de nombreux avantages, mais se heurte malheureusement à quelques contraintes.

Le Bénin, l’un des pays volontaires quant à cette initiative argue du fait qu’il est véritablement bénéficiable d’introduire la langue maternelle (la première langue qu’apprend un enfant) dans l’enseignement primaire. Souvent, l’école crée une rupture entre les habitudes et donc la langue aussi en laquelle le tout-petit s’exprime généralement. Une telle rupture ne favorise guère l’épanouissement ou l’apprentissage des notions à l’école.

Le langage représente un code, une façon ethnique de s’exprimer et fait partie de l’identité de toute personne. Se servir de la langue habituelle d’un enfant contribue donc à l’ouverture intellectuelle, car il apprend plus aisément. Ne pas en tenir compte dans le processus d’alphabétisation peut freiner le développement d’un pays.

Par exemple, dans certains pays dont le français est la langue nationale et conséquemment est employée à l’école primaire, l’on s’est rendu compte que seulement 10 à 15% de la population s’exprimait véritablement en cette langue. C’est un véritable frein lorsqu’on considère que les parents devraient s’impliquer dans l’éducation scolaire de leurs enfants, mais ne pas y comprendre grand-chose est décourageant pour eux et un prétexte valable pour se défaire d’une telle responsabilité.

Par ailleurs, les connaissances et compétences que l’on possède déjà sont facilement transférables à une autre langue, qui s’apprend d’ailleurs facilement lorsqu’on s’exprime convenablement en sa langue maternelle. Comme le faisait savoir l’UNESCO, l’enseignement en langue maternelle est crucial pour la réussite. Un enfant qui a du mal à décoller risque de redoubler des classes et certains abandonnent. A contrario, conserver la langue jusqu’au niveau de l’enseignement contribue à la préserver comme héritage pour les générations futures.

Le Bénin, déjà évoqué plus haut est un exemple sur ce plan depuis l’entame de ce programme en 2013. Le bilinguisme est effectif et de nombreuses initiatives ont été prises à cette fin. Les jeunes sont fortement impliqués et même, un groupe de jeunes béninois a créé l’application mobile Stickers Fongbé et un clavier Langues béninoises et africaines.

Cependant, une telle initiative ne va pas sans difficulté, malgré les élans observés. La riche diversité culturelle pose en soi de réelles difficultés : quelles langues faut-il choisir ? Le contexte socio-économique ne favorise pas non plus l’éclosion d’un tel entrain, que ce soit au Bénin, au Cameroun ou d’autres pays à fort potentiel culturel.

Néanmoins, l’initiative se poursuit et pourra connaître des jours meilleurs !