La situation sécuritaire en RCA : un véritable frein pour l’accès à l’aide humanitaire !

En juin 2019, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca), rassurait la population quant aux progrès réalisés sur le plan de la sécurité conjointement avec les autorités nationales et d’autres acteurs pour la paix durable. Et depuis lors, quelques réalisations ont été observées dans ce sens, mais la sécurité n’est toujours pas un acquis pour la nation et entrave l’accès à une vie digne via l’aide humanitaire.

En effet, à cette date, le dialogue était entretenu avec les groupes armés, qui avaient été appelés à respecter leurs engagements selon l’Accord politique pour la paix et la réconciliation qu’ils avaient alors signé. La Minusca et la justice centrafricaine formaient un binôme pour apporter une réaction énergique face aux crimes perpétrés dans les principales régions concernées par les troubles ; par ailleurs, les casques bleus étaient parvenus à distribuer 560 000 litres d’eau potable à Bangui.  Le commissariat du PK5 détruit à trois reprises avait été réhabilité pour la quatrième fois dans le but de maintenir la sécurité dans cette zone devenue le spectacle de nombreuses violences. Qu’en est-il deux années plus tard ?

Les progrès en matière de paix en RCA sont non négligeables, déclare un rapport des Nations Unies. Effectivement, l’on a pu observer la tenue d’élections locales, qui est le fruit d’un compromis politique majeur. Si celles-ci ne s’étaient pas déroulées de la sorte, cela aurait remis en cause l’intégrité de l’Accord de paix. Aussi, le Président de la République Faustin-Archange Touadéra a déclaré un cessez-le-feu le 15 octobre qui selon lui devrait amorcer la phase opératoire de la feuille de route pour la marche vers la paix adoptée en septembre lors de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). Ces deux éléments, soit la tenue d’élections locales et la déclaration du Président de la République sont en totale harmonie et complémentaires pour la création d’un environnement où la paix peut éclore pour l’épanouissement des populations civiles.

Le même rapport statue cependant que des défis sécuritaires subsistent encore dans certaines parties du pays, à savoir le nord-ouest, le centre et le sud-est. Là-bas, il y a encore des exactions de violence et le climat social entraine une hausse des violations des droits de l’homme et autres manquements au droit international humanitaire ; l’impunité demeure. Parallèlement, le nombre de déplacés internes est estimé à 63% de la population, donc, plus de 3 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire et de protection. Cette situation est assez délétère face au Covid-19 dont les mesures budgétaires tendent à fragiliser la sécurité et la stabilité du territoire. Le Représentant spécial de l’ONU pour la RCA signale ainsi la nécessité d’une réponse humanitaire plus importante, car le besoin n’est couvert qu’à 60% pour le moment et sa non-exhaustivité pourrait créer une plus grande dégradation de l’environnement social, nuisible pour le processus de paix et stabilité.

A propos de l’aide humanitaire, une enquête du journal Le Point révèle que cette aide est bel et bien perçue, mais elle n’arrive pas à l’étape de redistribution. Les élites prennent de l’importance tandis que les populations civiles se meurent. Elles bénéficient quelques fois des appuis des organisations de la société civile, mais n’ont pas accès à ceux octroyés par les bailleurs de fonds et ce, régulièrement. Par exemple, le FMI a décaissé une somme de plus de 34 millions de dollars le 13 janvier 2021, dont l’accord de décaissement avait été conclu le 20 décembre 2019 pour le montant total de 115,1 millions de dollars sur trois ans ; cela dans le cadre de l’Accord de facilité élargi de crédit. Autre obstacle majeur, les troubles dans certaines zones rendent souvent l’aide inaccessible et les mêmes difficultés se font valoir pour le transport de marchandises essentielles en provenance du Cameroun.

Ainsi, en dépit de la forte volonté des travailleurs sociaux, la sécurité reste un défi majeur en Centrafrique, de quoi amenuiser les chances d’accès à l’aide humanitaire.